07/06/2018

01/06/2018

*Prémices*

























Le nouveau Prémices est disponible.
Prémices numéro 2 est un carnet, plutôt amoureux, avec des dessins, des images et des mots.
J'espère qu'il vous plaira.

Il est là !


04/03/2018

*Suspendre*




La gaité est revenue au détour d'un bassin gelé où déprimaient des mouettes.

Je dis, je voudrais essayer cette jupe, elle me répond, vous savez qu'elle est très transparente ? (Ce n'est pas votre problème, je pense.)
Le magasin est vide, il n'y a que moi dans la cabine, j'ai presque la même déjà, je n'ai cependant absolument pas envie d'être raisonnable.
La jupe éclaire l'intérieur de mon sac, à la caisse je prends cette petite chose offerte au fond du bocal. J'ose. Je souris.
J'effleure ma folie.

"Le vrai charme des gens, c'est le côté où ils perdent un peu les pédales, c'est le côté où ils ne savent plus où ils en sont. Ça ne veut pas dire qu'ils s'écroulent, au contraire, c'est des gens qui ne s'écroulent pas mais si tu ne saisis pas la petite racine, le petit grain de la folie chez quelqu'un, tu ne peux pas l'aimer.
On est tous un peu déments.
.../... je suis bien content que le point de démence de quelqu'un, ce soit l'essence de son charme même."*


Laissez-moi donc être folle.

Je me suspends aux mains tendues et me glisse dans les jours comme dans les pages d'un roman.
Gambader le nez au vent, sans prendre garde au précipice.
Je compte sur ma jupe parachute pour adoucir la chute.
Je m'en remets à la Seine et au petit rosier rabougri par le froid. J'ai taillé ses branches nues. Il sera celui qui me couvrira de roses au printemps.

Voilà.
Je suis prête.
Je file à la mer.

*

Allez visiter le magasin, il y a quelques nouvelles cartes ! Les expéditions sont suspendues jusqu'au 11 mars. 
Et n'oubliez pas que je suis ici, puisque le blog est en peu en jachère. 

*Extrait entendu dans l'émission de Marie Richeux sur France Culture - Par les temps qui courent - 19/02/2018


10/02/2018

*Frémir*




Mardi

Quand je suis sortie le matin, il n'y avait pas de lettre dans ma boîte.
Un homme dormait sur le trottoir, le ventre à l'air sous la neige qui commençait à tomber. Il n'avait pas de couverture à remonter.
Dans le métro, je crois que je n'ai pas pensé.

En sortant, les flocons bataillaient à l'horizontal dans un vent fou, j'ai marché jusqu'au comptoir. Un nouveau. Claude est à la retraite, ils ont tout cassé de mon rituel.
A l'intérieur, Marilyn chante à tue-tête. Ça réchauffe, ça fait sourire le matin.
Allongé, oui, merci. Le barman est tatoué et gentil. Il y a une rose blanche tout au bout du zinc et la neige hirsute derrière la vitre.

Quand je traverse un peu plus tard le jardin du Luxembourg, après avoir entendu "soyez un peu folle", mais il est fou celui-là, s'il croit que je ne le suis pas assez déjà, bref, quand je traverse le jardin du Luxembourg, il est couvert de dentelle, les chaises sont empilées, les moineaux ont la plume gonflée, j'imagine combien cela doit être chaud là-dessous, j'ai les doigts gelés et le plaisir de ce spectacle me grignote le ventre. Je fais une photo depuis le vieux kiosque à musique.
J'entre dans une librairie vide. Un message doux arrive dans ma poche.
Je passerai bien l'après-midi à ne penser à rien dans la petite tempête de sel qui me picore.

Mercredi.

Plus de flocons déjà mais un bouquet gelé dans mes bras. Je frôle la neige en tulle noire, sur le mur j'écris "chéri chéri" à la craie grasse et je brosse très fort pour effacer ensuite. Mais les chéris ne s'effacent pas.

Jeudi

Un petit bonheur accroché à ma nuque, j'avance sous le soleil éclatant qui donne à Paris des airs de station de ski.
Je voudrais vous écrire toutes les images. Les détritus qui nagent avec les mouettes dans le petit port de l'Arsenal. Un sac en plastique rose dans le vert profond de l'eau stagnante. Et l'ange doré au loin qui scintille sur le bleu du ciel. Les bateaux en enfilade. L'espace.
J'emprunte des rues désertes jusqu'aux grands axes. Le petit parc carré est tout blanc, les cris sont joies, les boules se balancent.
Elle me parle jardins autour d'un thé à la menthe, je rêve d'un vieux rosier et d'un lustre abandonné dans l'herbe. Je n'aurais pas dû mettre ce chemisier, ni ce doré sur mes paupières.
En rentrant je fais un détour pour acheter du fil d'argent et du papier de soie blanc.

Bal du silence, le soir, il ne faut pas parler. Un inconnu, une feuille, un crayon, nos sourires.
N'est-ce pas ce que je fais déjà tout au long du jour ?

Vendredi

Il semblerait que je ne sache pas respirer et que cela entraine les mauvaises pensées. Asphyxie les bonnes, en somme. Je n'y avais jamais pensé.
Nous pourrions nous retrouver au bord de l'eau, vous m'expliqueriez.
J'en ressens déjà la douceur.
En attendant j'empile les doutes. Un mille-feuille.
Le silence se prolonge et je pense à la mer qui nous fera rire bientôt. J'irai clamer avec Julie nos petites folies par-dessus le ressac.

Samedi

Je laisse s'insinuer en moi une sensation délicieuse.
Le soleil me chauffe au travers de la vitre tandis que les toits s'égouttent de toute la neige qui, paisiblement, se fond.

*

La carte "chéri chéri" est dans le magasin et s'accompagne de la jolie chanson d'Arthur H....

25/01/2018

*Aspirer*































Vendredi comptoir. J'adore dire Chardonnay. Ça fait oiseau, je l'ai écrit déjà. J'aime la fraîcheur du vin. La buée sur le verre. Le grand miroir qui se reflète dans l'autre, créant une enfilade infinie où mes pensées s'enfoncent.
Et quand à minuit passé je débouche au bout de la rue du Pont Louis Philippe, je sens que quelqu'un me regarde. Un homme fume derrière les arbustes en pots du bar qui porte le nom du pont. Alors je le regarde rapidement en avançant. J'ai le manteau rose et la robe noire qui dépasse dessous.  Ça fait des petites vagues sur le bas des jambes. J'ai cédé aux baskets désormais. Elles m'ont eue. Je lui souris et il me crie, "Je suis sûr que vous avez vos chaussures dans votre sac, vous !"
Incroyable.
"Mais oui !", je lui lance.
La réalité, parfois. Il m'en faut si peu.
Je bifurque et j'entre dans le bar, direct au comptoir. D'adorables flûtes y sont posées. D'adorables flûtes anciennes avec des bulles dansantes.
Le vieux barman à la petite couette de cheveux blancs me demande : "Qu'est-ce que je vous sers ?"
Je pointe mon doigt vers une flûte.
"Ça", je réponds.
Je caresse entre mon pouce et mon index les pétales épais et pourpres de la rose qui fane sur le zinc dans un petit verre.
Sur un panneau suspendu à la porte, je lis "Ne pleurez plus".

Les lumières dansent sur la Seine qui ondule au ras du quai. Je traverse l'île j'ai froid j'ai envie de me glisser dans les plumes. Ses yeux sont embrumés, un voile couvre la lune.

J'ai l'âge de celles dont les enfants ne veulent plus de peluches dans leur chambre. Et me voilà à faire des tas d'ours au pied du lit un samedi. Où vais-je mettre ceux que je ne peux pas jeter ?  Où vais-je les cacher ? Comment envoyer quarante lapins par la fenêtre sans pleurer ?
Je renifle les douceurs je rhabille le canard je rebrousse les souvenirs, mon sein dans les petites bouches et nos regards emmêlés.
Je repousse un peu l'échéance, et je poste une lettre un dimanche.

"Lugubre", je reçois ce mot dans un message ce même dimanche à l'heure du thé. Je trouve ça beau, lugubre.
C'est exactement la sensation que j'ai de moi à ce moment-là.

J'aspire au vide soudain. Je voudrais voir à quoi je me retiens.



19/01/2018

*Croiser*




Le vent est fou ce mardi. Il balance les mouettes au-dessus du grand bassin rond. Vaguelettes. Scintillements.
Escalier de pierre. Le bas de ma robe se soulève et le soleil perce d'un coup les nuages. Les chaises vides s'allongent sur le sable de l'allée.
Les arbres sont nus encore. A l'image du parc. Un petit se distingue, il s'est couvert de fleurs blanches.
Cette traversée, une bouffée.
Un peu plus tard la pluie me surprend. Des confettis. Mon parapluie se retourne sous les bourrasques, tout le monde s'enfuit, je souris. J'entame le deuxième jardin par le côté, les rosiers sont dénudés. Une ou deux roses quand même, figées dans l'hiver, recroquevillées. On voit bien qu'elles n'ont pas tenté d'éclore. Er moi je ne vois qu'elles. Rares. Esseulées. Vermillonnantes dans la tempête. Plus loin un jardinier a les mains dans la terre. Je longe les parterres au repos. Je voudrais m'élancer.

Jeudi je passe de l'autre côté de la Seine agitée. Puis je bifurque.
Les flots s'écrivent dans le ciel, je choisis de marcher jusqu'au musée.
Lumineuse, il a dit. Mais il n'a pas expliqué.
L'hôtel de la Place des Vosges. A chaque fois je voudrais faire une photo du petit salon que j'aperçois. Mais une dame me regarde depuis l'intérieur. J'oublie. Et me voilà sous la coursive. Splendide. Un petit regard en arrière. Personne. J'esquisse un pas de danse discret. Cette chanson me transporte. Et je fais un crochet par le jardin clos et caché dans le coin. Un repaire pour moineaux. Surtout au printemps quand la vigne vierge se fait belle.
Je poursuis.
Plus loin dans une vitrine, deux statues s'enlacent. Une valse. Je tourne sur moi-même. C'est un miroir ? Ce bonheur du rien me rendrait presque oiseau. Sautillements. Tu les sens les baisers sur tes pommettes ? Rosissement. On dirait bien que tu as croisé un rouge-gorge en plein hiver.
Bref.
Quelques rues encore. Tourner à angle droit. Puis filer. C'est une autre chanson maintenant. Mes mains se dandinent.
Dans le musée je monte et je descends, je parcours je traverse je lis j'observe. C'est émouvant au début. Moins à la fin. Je n'aime pas entendre les autres visiteurs, trop nombreux aujourd'hui. Je salue la souris sous le rideau et je fais le chemin en sens inverse.
J'ai faim.
Elle dit encore, j'adore votre manteau en me tendant la gourmandise. Elle me le dit à chaque fois. Enfin c'est la deuxième.
Je fais des zigzags mon sourire s'étire j'écris n'importe quoi.
Au niveau du pont d'Austerlitz, une bagarre de mouettes dans le vent. Bonheur. Plus loin un bouquet de nuages roses dans la trouée au milieu des immeubles. Je remets la chanson. Combien de fois aujourd'hui ? Peu importe, c'est elle qui me danse.

Ce n'est qu'après que la fatigue me prend. D'un coup. Dans ses bras. Et avec, la légèreté qui s'en va.



03/01/2018

*Souhaiter*


Je regarderai encore le ciel…. Et les oiseaux.
Je danserai.
Encore.
J’écrirai.
Encore.
Je me suspendrai (à son cou et ailleurs), je pleurerai sûrement, je vieillirai aussi.
J’embrasserai des pommettes, je caresserai des joues, je raconterai l’histoire de la robe rouge et je me glisserai dedans. Je dessinerai des fleurs. Je dessinerai des émotions. J’écrirai mes émotions. Je trébucherai. Je tomberai. Je vivrai des instants romanesques. Je m’élancerai. Je tituberai. Mon rire éclaboussera. Je longerai des fleuves, j'enjamberai des ponts. Je chantonnerai.
J’irai contempler la mer, je boirai dans de jolis verres.
Je m’inventerai.
Je m’inventerai encore.
Je vous le souhaite aussi.


15/12/2017

*S'exercer*






Il y a eu tout ce temps à ne pas écrire ici parce que. Trop. Trop de choses.

Il y a eu les stations de métro loupées parce que. La tête ailleurs.
Et les chutes dans les escaliers parce que. Trop chargée trop pressée trop en retard.

Il y a eu tant de sourires gênés parce que. Trop de mots doux.
Même si les mots doux ne sont jamais de trop.

Il y a eu ce soir où j'ai dansé follement, c'était si drôle c'était si délicieux c'était si incroyable. Je me suis dit que ma réalité rejoignait parfois ma fiction. Il faudrait que je développe.

Il y a eu tant de légumes épluchés parce que. C'est l'hiver. Mais c'est pareil l'été. Tous les jours il faut faire à manger.

Il y a eu la très belle lettre d'un inconnu dans ma boîte et tous ces liens imperceptibles et volatiles tissés de façon un peu magique.

Il y a eu la traversée du jardin du Luxembourg sous la pluie, le plaisir d'y être seule en écoutant une chanson triste, la beauté des chaises vides et des arbres nus. Et tant de pensées que je voudrais prendre le temps d'écrire.

Il y a eu ce joli mot que je ne connaissais pas et que je ne parviens pas à retenir.

Il y a ce jour où quelqu'un m'a dit, la main droite n'est pas obligée de savoir ce que fait la main gauche.

Il y a eu ce rendez-vous avec l'homme aux mille cartes. Et ce moment où il m'avoue errer à Drouot les jours de cafard. Alors, en le quittant, j'entre à Drouot pour la première fois, et je pense à la chanson de Barbara.
Après, il fait glacé, il pleut, les rues sont vides, mais je ne deviens pas triste.
Et le soir, Paris se couvre de plumetis et je reçois : "Viens danser le flamenco sous la neige !"

Il y a eu ma dernière rose sur le balcon et la petite histoire qui va avec.

Il y a tous ces instants où je me dis que je pourrais faire plus, que je pourrais faire mieux.

Il y a eu hier où, alors que je marchais sous la pluie, deux idées ont commencé à germer en moi et où je suis devenue soudain plus légère.

Il y a eu ce jour où j'étais persuadée que je m'étais encore très mal habillée et où une inconnue m'a dit avec un adorable accent anglais : "J'aime beaucoup votre manteau !"

Il y a eu ce soir où j'ai fait toc toc à sa vitrine et où elle m'a vue derrière la vitre. Nos sourires. Elle a ouvert la porte et m'a pris dans ses bras et m'a soulevée et m'a fait tourner en l'air et.
J'ai tellement souri mais j'avais tellement envie de pleurer aussi.

Il y a aujourd'hui. C'est encore un jour de pluie. Je m'exerce à réécrire un peu. J'attends le soir et ce moment où j'enfilerai une robe pour sortir.

*

Pardon de ne plus trop passer écrire par ici, mais vous savez où me trouver...
Et merci infiniment pour vos très nombreuses commandes. 

16/11/2017

*Inviter*





















Samedi 18 novembre, ce sera le dernier jour de l'exposition "Les P'tits papiers" à la Cachotterie.
Je vous invite à venir y voir mon mur de mots et d'images, ainsi que le travail que j'ai intitulé "Le jour des lys" : un dessin de deux lys chaque jour pendant vingt jours et la pensée qui l'accompagne.

J'ai mis quelques photos ici.

*

Du 21 au 3 décembre, je serai présente dans une boutique éphémère, au 14 rue du Château d'eau, dans le 10e, à Paris. Toutes les infos par là. 
J'espère que vous viendrez.
(Vernissage le jeudi 23 !)

*

A très bientôt. Le temps me manque pour écrire.

09/11/2017

*Chantonner*




Tu te mets à penser que personne ne sait où tu es. Et c'est bien. Tu pars en métro et personne ne sait où tu vas. Tu aimes bien.
La lassitude pesait sur tes épaules et ça commençait à te prendre à la gorge. Et bien sûr c'est à ce moment-là que te vient l'envie d'écrire. Quand tu sens ta bouche se fermer davantage. Taire.
Tu pars en métro et personne ne sait où tu vas et c'est bien. Tu sors de ton sac ce petit livre que tu viens de trouver dans ta boîte aux lettres. La lecture t'éloigne vaguement de tes pensées. Vaguement. Par vague. Tu y reviens. Par vague. Tu reviens à la gorge serrée.
Mais l'important est que tu vas quelque part. Tu ne sais pas vraiment où, mais tu sais que ce sera essentiel. Un moment essentiel.

Ellipse.

Tu n'as pas envie de reprendre le métro. Tu marches. Longtemps. Vite. Et tu danses presque. Tu en as la sensation intérieure. C'est la chanson qui t'entraîne. C'est la foule qui t'entraîne. C'est le vent qui t'entraîne. Ce sont les chaussures qui t'entraînent. Ce sont les branches qui t'entraînent. Ce sont les regards qui t'entraînent.
Tu fais des détours. Tu passes par la galerie Ofr. Tu prends des photos des photos. Tu écris, ce n'est pas toi. Tu marches encore et tu vas voir cette nouvelle boutique où tout est inaccessible et beau et si délicat. Tu caresses les plumes.
La nuit tombe, c'est un plaisir. Plus loin tu dis, j'ai envie d'une bague avec une pierre verte. Elle cherche. Ce n'est pas grave. Au revoir. Tu prends un vélo en même temps que tombent les premières gouttes. Il fait nuit, la chaussée luit, la chaussée glisse, les phares se croisent, les feux clignotent, tu as une jupe en satin, des talons, des meringues aux pétales de fleurs dans ton sac rose, de la musique qui te transporte. Tu te dis que tu ne remplis pas les meilleures conditions pour rentrer saine et sauve. Tu roules au ralenti. Tu chantonnes sous la pluie.

Ellipse.

Tu es au fourneau. Tu assumes les contraintes, elles sont devenues des automatismes. Tu penses à l'ellipse. Les épluchures s'amoncellent. C'est fou toutes ces pensées désorganisées qui s'éparpillent dans la purée.
Tu évites la chute, c'est beaucoup trop convenu.

*

Merci beaucoup pour toutes vos commandes. Les calendriers 2018 s'éparpillent.... Quel plaisir !

Derniers samedis pour l'exposition Les petits papiers, venez ! 


12/10/2017

*Chiner*




Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu trente minutes pour rien. Trente minutes à tuer. Je n'aime pas cette expression. Trente minutes à attendre. Trente minutes à déambuler. Trente minutes à marcher dans les feuilles de platane écrasées sur le large trottoir. Trente minutes dans la fin du jour.
J'ai monté les escaliers pour rejoindre l'autre boulevard. Il y a là une boutique de vieilleries. Des vieux cadres fleuris, des tapis persans, des pampilles, une sorte de capharnaüm. Même le trottoir devant était chargé ce soir. Il avait dû y avoir arrivage. Il avait dû y avoir la maison d'une mémé à vider.
Il m'a dit bonjour quand je suis entrée, j'ai répondu mais je ne l'ai pas regardé, des bouquets aux couleurs fanées m'attiraient. J'ai sillonné entre les meubles, frôlé les vieux miroirs, soulevé des tableaux, ouvert un livre jauni, avant de ressortir.
J'ai essayé un petit sac en cuir posé sur une table, ouvert un porte-monnaie, déplié un foulard en soie. J'ai regardé de nouveau cette chaise qui m'avait tapé dans l'oeil mais dont je doutais du prix. Six euros. Etrange. Et j'ai pris à deux mains l'énorme livre posé sur un tabouret.
- C'est le tabouret que vous regardez ?
Il s'approche.
- Oui.
- Il est joli, dit-il en le soulevant.
- Oui. Il est à six euros aussi ? Comme la chaise là-bas ?
- Oui.
- Ha.... Bon. Je vais prendre la chaise.
- Je vous offre le tabouret.
- Ha mais non, pourquoi ? Alors, dans ce cas, je vais acheter autre chose, cette cafetière, elle est à combien ? Et ce petit cadre ?
- Je vous offre tout, et la chaise aussi. Vous êtes jolie comme un coeur et votre sourire me suffit.

Et patati et patata, c'est un peu long, je me débats, il évite ses collègues, il ne veut rien entendre, ni que je suis vieille, ni que je n'ai plus vingt ans, ni qu'on ne m'achète pas avec une chaise, ni que je tiens à payer, il emballe tout avec soin, me chuchote de cacher mon billet, me répète de me laisser faire, qu'il a le droit de faire des cadeaux, que je suis ravissante, il apporte tout dans mon coffre, suivi par son grand chien qui ne traverse qu'au feu vert, me glisse sa carte, tout de même, où il a souligné son numéro de téléphone et dessiné un bouquet de fleurs et il ajoute, tout appartenait à la même famille, des gens adorables, j'assure la transmission.

Dans la voiture je ris avec mon ado et je lui demande :
- Ça te fait quoi d'avoir une mère jolie comme un coeur ?
- Ça me fait un billet de plus dans ma tirelire. J'ai bien entendu, c'est lui qui l'a dit.

Trente minutes, un tabouret, une chaise, une cafetière et un cadre plus loin, la nuit est tombée, nos éclats de rire éclaboussent mes rides aussi heureuses qu'embarrassées.

*

Dessin disponible en carte ici. 



17/09/2017

*Correspondre*































Le temps n'est pas à l'écriture.
Le temps est à l'automne, aux choses qui dégringolent, le temps est aussi aux nouveautés, j'avais promis de revenir vous en parler.

Un :
Faites un petit tour en boutique à la recherche de cartes que vous ne connaissez pas, cherchez aussi les calendriers Marque-page et Duo millésimés 2018,  les petits carnets tout frais, et les cartes de fin d'année qui se tiennent déjà prêtes.

Deux :
A partir du 30 septembre, je serai à la Cachotterie avec Nathalie Magret et Frédéric Clément pour l'exposition "Les petits papiers".
A visiter tous les samedis jusqu'au 18 novembre. (On y trinque le 30 !)

Trois :
Du 4 au 8 octobre, Julie Bourdais et moi exposons à l'Openbach la correspondance que nous entretenons depuis juin 2014, et qui ne cesse de nous guider vers des projets que nous ne connaissons pas tous encore. (On y trinque le 4 !)
Nous avons par ailleurs ouvert un compte Instagram, "Projet S'écrire",  à suivre ici, comme un petit laboratoire autour de cette aventure.

Voilà. Je n'oublie pas que j'aimerais écrire mais j'ai encore du travail pour préparer tout ça !

05/09/2017

*Poindre*





Je regarde le rose poindre par-dessus la balustrade. Il s'accorde, dans l'aube, aux volubilis fraîchement éclos.
Je n'entends même pas un oiseau.
Le silence m'aspire, c'est à lui que je confie.
Dans le ciel qui peu à peu s'éclaire se forme un petit nuage. Le paradoxe est que je lui trouve la forme d'une bouche.
Je tarde à revenir, il est tellement plus simple de parler aux fantômes.

*

Vous savez que vous pouvez aussi regarder par pour voir ce qui se passe.
Et très bientôt je vous écrirai les couleurs des nouveautés et le parfum des expositions à venir.